Certains matériels que vous achetez pour votre activité ont un statut comptable et fiscal particulier : ce sont les immobilisations.
Suivez le guide pour éviter une erreur fréquente en fin d’année !
Qu’est-ce qu’une immobilisation ?
Une immobilisation comptable représente un actif à long terme détenu par l'entreprise pour une durée supérieure à un exercice comptable, soit généralement plus d'un an.
Un actif est quelque chose que vous possédez et qui contribue à votre activité : typiquement du matériel informatique, un véhicule, du mobilier, un logiciel…
Cet actif sera présent dans votre bilan comptable dans une ligne dédiée, contrairement aux petits matériels (stylos, livres…) qui n’y apparaissent pas et sont uniquement considérés comme des charges (des dépenses courantes).
Le matériel physique n’est pas le seul concerné, les actifs immatériels peuvent aussi être amortis : l’acquisition d’un brevet, des dépenses de recherche ou les frais de construction d’un site internet…
Qu’est-ce qu’un amortissement ?
L’amortissement consiste à étaler le coût d’acquisition d’une immobilisation sur plusieurs exercices comptables, correspondant au nombre d’années d’usage normal du bien plutôt que sur une seule année.
La durée doit correspondre à la durée effective d’usage du bien : celle au-delà de laquelle le bien devient inutilisable. Puisque c’est généralement difficile à anticiper, le fisc fournit des grilles que le contribuable peut utiliser, par exemple :
- matériel informatique (ordinateur, tablette, téléphone) : 3 ans
- logiciels : 3 ans
- matériel de transport : entre 4 et 5 ans
- brevets : 5 ans
- matériel automobile ou de transport : entre 6 et 10 ans
- outillage : entre 5 et 10 ans
- mobilier : entre 5 et 10 ans
- bâtiments : entre 20 et 50 ans.
Quels matériels amortir ? Le seuil des 500 € HT
Le bilan d’une entreprise doit représenter fidèlement son patrimoine. Tous les matériels devraient donc - en théorie - y apparaître en tant qu’immobilisations, et donc être amortis.
Toutefois, le fisc tolère le passage direct en charges des achats d'équipement d'une valeur inférieure à 500 euros HT afin de simplifier la comptabilité !
En pratique, on considère donc que :
- les achats d’une valeur inférieure à 500 € HT passent en charge immédiate pour l’intégralité de leur valeur, au jour de l’acquisition,
- les achats d’une valeur supérieure à 500 € HT doivent être amortis sur plusieurs années.
Exemple d’amortissement
Un consultant achète au comptant un ordinateur pour 900 € TTC. Ce montant est constitué de 750 € HT et 150 € de TVA à 20%.
La TVA, impôt neutre, sera récupérable et ne représente pas un réel coût (si le consultant n’est pas soumis à TVA, cette dernière n’est pas récupérable, mais l’amortissement reste toujours calculé sur le montant HT).
L’amortissement porte donc sur 750 €. L’amortissement étant prévu pour 3 ans, le consultant devra passer 250 € HT de charges chaque année (au prorata du nombre de mois pour les années incomplètes) plutôt que d’inscrire une dépense de 750 € au jour de l’achat.
Si le matériel a été acheté le 1er juillet (mi-année), les charges seront donc :
- 125 € la première année (6 mois sur 12, le dernier semestre)
- 250 € la deuxième année (année pleine)
- 250 € la deuxième année (année pleine)
- 125 € la troisième année (6 mois sur 12, le premier semestre).
Pour mémoire, passer des sommes en charges signifie qu’elles seront déduites du chiffre d’affaires afin de calculer le résultat fiscal et la base des cotisations sociales.
Différence entre comptabilité et trésorerie
L’amortissement fera donc naître une différence entre le résultat fiscal et les mouvements de trésorerie.
En effet :
- la première année, 900 € ont été déboursés mais seuls 125 € apparaîtront en charges,
- les années suivantes, plus aucun montant ne sera déboursé, mais les charges continueront d’apparaître.
NB : en micro-entreprise, les charges ne sont pas déductibles puisque l'entrepreneur applique un forfait, quel que soit le montant réel des décaissements.
Amortissement linéaire ou dégressif
L’amortissement linéaire que nous avons vu consiste à étaler de façon homogène la valeur du bien sur sa durée prévue, mais il existe une autre méthode : l’amortissement dégressif.
Avec cet amortissement, les annuités sont décroissantes. Vous amortissez votre bien à un taux élevé la première année, puis inférieur l’année suivante, et ainsi de suite. Ce mécanisme est une option utilisable uniquement pour les biens neufs amortissables sur 3 ans minimum. Il permet d’avancer le passage en charges, et donc de profiter des réductions d’impôts plus tôt.
Bien entendu, le montant total reste le même, seul le cadencement change !
Quels sont les avantages et les inconvénients des amortissements ?
Pour un consultant freelance, les immobilisations offrent plusieurs avantages :
- L’amortissement s’affecte sur le bénéfice pendant plusieurs années plutôt qu’uniquement lors de l’année d’acquisition. Cela baisse les impôts et les cotisations sociales sur plusieurs années, ce qui lisse les résultats et permet de mieux piloter sa rémunération.
- Les biens immobilisés apparaissent au bilan de l’entreprise, la photographie de son patrimoine. Cela peut, vis à vis des tiers, présenter une image plus solide que s’ils étaient uniquement passés en charges.
- L’amortissement est un outil de gestion. Il permet de connaître la valeur du patrimoine et sa vétusté. Bien entendu en tant que consultant solo vous en avez déjà une bonne idée mais si vous élargissez votre activité, vous serez heureux d’avoir cette vision !
Toutefois, immobiliser du matériel présente aussi des inconvénients :
- Une réduction d‘impôt immédiate peut être plus utile pour l’entreprise qu’une réduction étalée dans le temps,
- Les amortissements peuvent rendre la gestion de trésorerie moins lisible pour les entrepreneurs qui suivent leur comptabilité de loin (ou qui n’ont pas de coach Acasi).
Peut-on continuer d’utiliser un bien au terme de son amortissement ?
Oui, bien sûr ! La fin de l’amortissement signifie simplement que du point de vue comptable, l’intégralité de la valeur du bien a été passée en charges et qu’il ne présente plus aucune valeur résiduelle au bilan.
Cependant, cette valeur est théorique, si vous pouvez toujours utiliser votre ordinateur amorti faites-le !
Vous n’êtes pas non plus obligé d’attendre la fin de l’amortissement pour acheter du nouveau matériel. Vous devez toutefois, comme toujours, pouvoir justifier l’intérêt pour l’entreprise d’une telle décision.
Certains entrepreneurs revendent leur matériel amorti (créant une plue-value comptable, car la valeur dans les comptes est de 0) et achètent du nouveau matériel pour relancer le mécanisme des déductions fiscales.
Pourquoi est-il important de connaître le fonctionnement des amortissements ?
Pour un consultant freelance, la gestion des immobilisations permet d'optimiser sa fiscalité et de répartir le coût de ses investissements professionnels sur plusieurs années.
Bien comprendre ce fonctionnement permet d’éviter des erreurs fréquentes.
Imaginons par exemple un consultant qui s’apprête à réaliser une très bonne année. En novembre, jugeant qu’il paiera beaucoup d’impôts au titre de l’exercice, il réalise un investissement majeur (par exemple, nouvel ordinateur ou mobiliser spécialisé, ou véhicule…) afin de limiter la fiscalité de cet exercice.
Efficace ? Pas du tout ! Comme on l’a vu plus haut, ce bien sera amorti sur plusieurs années et seule une fraction de sa valeur se rattachera à l’exercice en cours… et si le bien est acquis en fin d’année, c’est encore pire puisqu’il faudra ensuite diviser l’amortissement au prorata du nombre de mois !
Ainsi, bien gérer ses amortissements demande une bonne compréhension des règles comptables et fiscales. Nos coachs sont là pour vous guider !
Peut-on reporter un amortissement lors d’un exercice déficitaire
Hélas, non. Les amortissements ont lieu tout au long de la vie du bien à amortir, y compris pendant les exercices en perte. S’ils sont passés durant un exercice en déficit, ils créent donc des charges supplémentaires qui “creusent” davantage la perte. Heureusement, les déficits sont la plupart du temps reportables sur les bénéfices futurs : rien n’est perdu.
Comment suivre les amortissements ?
Suivre ses amortissements peut devenir compliqué lorsque vous possédez plusieurs biens amortis sur des durées différentes et éventuellement avec des modalités différentes.
Les logiciels comptables se chargent de calculer les amortissements sur la durée de vie prévue et selon la méthode choisie. Chez Acasi, vous n’avez évidemment rien à faire, notre outil en ligne et les coachs s’en chargent pour vous !