Au moment de se lancer, de nombreux freelances se demandent quel statut choisir : micro-entreprise, EURL, SASU ?
Mais certains pensent même en dehors de la création d’entreprise, et envisagent leur indépendance sous forme de portage salarial.
Comment choisir ? Nous faisons le point ! Mais tout d’abord, soyons alignés sur les définitions 🙂
Travailleur indépendant est un statut juridique.
Il désigne un professionnel qui est “à son compte”. Il n’est pas rémunéré par un employeur mais directement par ses clients dans le cadre d’une prestation de service ou d’une vente.
Artisans, commerçants, professions libérales… sont très souvent travailleurs indépendants. Ils ne sont pas régis par le droit du travail car il n’existe aucun lien de subordination qui fonde le contrat de travail.
Cependant, un travailleur indépendant doit avoir un statut. Certaines professions nécessitent la création d’une entreprise, d’autres non : les médecins en BNC ne sont pas tenus de créer une structure juridique par exemple.
Freelance n’est pas une notion juridique bien définie. C’est un anglicisme qui désigne à peu près la même chose qu’un travailleur indépendant, à savoir un individu qui exerce des missions ponctuelles pour le compte d’entreprises ou de particuliers, de façon autonome. Le recoupement entre freelance et travailleur indépendant est donc très fort, mais on n’utilise pas le terme de “freelance” pour un médecin libéral par exemple.
Le portage salarial est un mode de fonctionnement qui permet à un travailleur indépendant d’exercer en tant que salarié.
Rassurez-vous, il ne s’agit pas de devenir salarié de l’entreprise cliente ! En portage salarial, le travailleur indépendant devient salarié d’une entreprise de portage.
Chaque prestation fait l’objet d’une convention tripartite entre :
Juridiquement, c’est l’entreprise de portage qui fournit la prestation. C’est donc elle qui facture le client et elle qui encaisse les règlements. Elle se rémunère en prélevant un pourcentage du chiffre d’affaires du porté à chaque encaissement.
En contrepartie des prestations qu’il effectue, le salarié en portage accumule un solde en euros, qui peut être converti à tout moment en fiches de paye.
Si cela vous trouble, vous pouvez faire un parallèle avec l’intérim: le travailleur intérimaire est salarié de son entreprise d’intérim, mais exerce son travail dans une autre entreprise, cliente de l’entreprise d’intérim.
Si l’on résume :
Bien sûr, il n’existe pas de bonne ou de mauvaise réponse : tout dépend de votre situation personnelle. Voici quelques arguments pour mieux réfléchir au sujet.
Les statuts étant nombreux, le rapport du brut au net doit être étudié au cas par cas.
Certains statuts sont avantageux si vous avez beaucoup de frais, d’autres sont au contraire avantageux si vous en avez très peu. Certains sont compatibles avec d’autres sources de revenus, d’autres moins.
Les modèles les plus fréquents de rémunération sont :
Autrement dit, lorsque vous êtes chef d’entreprise, vous pouvez piloter votre rémunération assez finement.
En règle générale, vous avez moins de droits et d’avantages sociaux. C’est la contrepartie des moindres charges : vous avez potentiellement davantage d’argent, mais à vous de vous organiser pour choisir les prestations dont vous avez besoin.
Entrons maintenant dans le détail ! Comparons le portage salarial aux principales formes d’entreprises choisies par les indépendants.
Pourquoi la comparaison est intéressante :
Car les deux statuts sont très simples à mettre en place.
Pourquoi nous préférons le statut d'auto entrepreneur :
L’auto-entrepreneur n’a de compte à rendre à personne : la liberté (y compris psychologique) est bien plus importante qu’en portage.
C’est aussi potentiellement un choix plus rentable : en micro-entreprise, vos revenus subissent un abattement forfaitaire pour charges. Autrement dit, si vos charges réelles sont faibles ou inférieures à l’abattement, vous y gagnez.
En outre, les cotisations sociales étant plus faibles, le net encaissé (ce qui reste sur votre compte) sera bien plus proche de ce que vous avez facturé au client qu’en portage. Il est aussi possible de ne pas être soumis à la TVA, ce qui abaisse le prix de vos prestations aux yeux de certains clients.
Notre conclusion : L’autoentreprise n’est donc pas uniquement un statut de démarrage pour mettre le pied à l’étrier de l’entrepreneuriat : cela peut être aussi une véritable activité principale. Les plafonds de l’autoentreprise sont assez élevés et peuvent même être dépassés une année sur deux sans perdre le statut.
Pourquoi la comparaison est intéressante :
Car ce sont les deux extrêmes : salarié dans un cas, TNS (travailleur non salarié) dans l’autre
Pourquoi nous préférons l’EURL :
L’EURL est la forme qui offre le plus de libertés. Le dirigeant d’EURL, s’il est le seul, aura le statut de Travailleur Non Salarié. Il pourra choisir d’imposer son entreprise à l’impôt sur les sociétés (IS) ou à l’impôt sur le revenu (IR). À l’IS, il pourra choisir entre salaire et dividende. À l’IR, le revenu aura généralement le caractère de BNC (Bénéfices Non Commerciaux).
L’EURL permet une optimisation assez fine du revenu, et donc une grande flexibilité de gestion.
Pourquoi la comparaison est intéressante :
Car vous aurez des fiches de paye dans les deux cas.
Pourquoi nous préférons la SASU :
En SASU, vous aurez davantage de maîtrise sur votre rémunération, puisque vous pourrez choisir de ne vous verser qu’une partie du résultat, pour investir ou constituer des réserves par exemple. Vous pourrez aussi verser une partie du résultat en dividende (souvent moins imposé qu’un salaire, mais qui n’ouvre pas de droits).
Pour toutes les raisons évoquées plus haut, nous préférons les statuts de travailleurs indépendants en freelance. Selon nous, les principaux arguments du portage ne font pas le poids.
La simplicité apparente du portage salarial ne doit pas faire oublier les limites de ce statut. Faire entrer un tiers dans une relation client est une source de complexité (contrats tripartites). Le portage devient très rapidement coûteux, et présente des limites par rapport à un statut réellement indépendant.
La loi a considérablement facilité le processus de création d’une entreprise et allégé de nombreuses obligations. Quant à la gestion comptable et fiscale, qui rebute tant d’entrepreneurs, elle peut être confiée à un expert-comptable avec un coût probablement inférieur au coût total d’une société de portage.
Enfin, reste l’argument des fiches de paie. Beaucoup de salariés qui franchissent le cap de freelancing souhaitent conserver des fiches de paie, jugées confortables.
L’avantage psychologique des “fiches de paie” est à relativiser :
Mais ce débat n’est qu’une partie de l’équation : dans tous les cas, le revenu du travailleur indépendant provient de son travail.
Le meilleur statut est celui qui permet au travailleur de s’épanouir dans les meilleures conditions : investir, se former, piloter sa trésorerie… et éventuellement croître en embauchant. Pour cela, la création d’une entreprise en bonne et due forme reste incontournable.
Oui.
Pas forcément. Rappelons que des statuts comme l’auto-entreprise n’ont aucun coût fixe, et aucune charge à payer si vous n’encaissez pas de chiffre d’affaires. Vous auriez tort de vous en priver. À l’opposé, derrière sa simplicité, le portage peut occasionner des coûts fixes qui pénalisent une activité faible.
Débuter dans l’entrepreneuriat, c’est aussi commencer à assumer d’être le seul maître à bord : posséder sa propre entreprise permet de se projeter plus facilement qu’en restant salarié. Psychologiquement, voir le chiffre d’affaires arriver dans son entreprise est une belle source de motivation !
Non, un particulier ne peut pas facturer des prestations de services ou vendre des marchandises sans statut.
Généralement entre 5 et 15% des encaissements. Le plus simple est de comparer les sociétés de portage et d’utiliser leur simulateur de portage salarial.
Juridiquement non : il entre dans le régime des salariés. Il a un employeur au sens du Code du travail.
Cependant, en matière de fonctionnement, oui, il reste indépendant. Il trouve ses propres clients, gère son agenda, ses tarifs… l’entreprise de portage ne lui impose rien.