Qui peut prétendre comprendre le système des retraites ? Il est perçu comme infiniment complexe, opaque et sujet à des changements.
Aujourd’hui nous vous proposons de clarifier ce sujet afin d’être plus serein.
Car ce qui produit le plus de charge mentale, c’est l’incertitude : le fait de ne pas comprendre comment tout fonctionne. Nous allons tout décrypter avec vous
Mais soyons réalistes : nous n’allons pas vous expliquer l’intégralité du fonctionnement des systèmes de retraites en un seul article de blog. Nous allons vous donner des pistes pour comprendre VOTRE retraite, dans VOTRE situation précise, quel que soit votre statut de freelance.
Car en tant que freelance, vous avez des cartes en main pour mieux préparer votre retraite. Vous avez davantage de leviers pour piloter votre rémunération et donc pour optimiser votre retraite.
Après la lecture de cet article vous saurez :
Prêts ? C’est parti !
Êtes-vous TNS, assimilé salarié ou salarié ? La première étape est de répondre à cette question.
C’est votre cas si vous êtes dans l’une de ces situations :
Si vous êtes affilié au régime des travailleurs non salariés, il vous faut ensuite identifier votre caisse de retraite : elle dépend de la nature de votre activité.
Attention : les notions de “commerçants et artisans” de l’URSSAF ne sont pas forcément celles de l’INSEE ou même du fisc.
Notez que si vous êtes en EIRL, EURL ou EI, vous êtes soumis à une cotisation minimale qui vous permet de valider 3 trimestres par an, et ce même si vous ne réalisez aucun chiffre d’affaires ou si vous êtes en déficit.
Vous êtes considéré assimilé salarié si vous êtes rémunéré en tant que :
Vous êtes alors affilié au régime général de la sécurité sociale.
Enfin, vous pouvez tout simplement être dans le régime des salariés, même si vous êtes freelance. C’est le cas si vous avez opté pour le portage salarial : vous êtes alors salarié affilié au régime général de la sécurité sociale.
Principalement le droit au chômage : il est présent pour les salariés (même en portage) mais inexistant pour les assimilés salariés tels que les présidents de SASU. Bien sûr, tout se paye : ce droit est la contrepartie de cotisations plus importantes. On en reparle un peu plus loin !
L’âge légal de départ à la retraite est aujourd’hui de 64 ans (pour les personnes nées à partir de 1968), et il faut accumuler 172 trimestres de cotisations pour obtenir le taux maximum de 50%.
Le taux maximum de 50% peut aussi être atteint automatiquement, même sans avoir les trimestres, à partir de 67 ans..
La notion de trimestres est cruciale. Elle ne correspond pas aux trimestres calendaires constitués de périodes de trois mois.
Lorsque l’on parle de retraite, un trimestre est une période au cours de laquelle vous avez cotisé sur la base d’un revenu égal à 150 fois le SMIC horaire. Au cours d’une année, il est possible de valider de 0 à 4 trimestres, peu importe le nombre de jours ou de mois réellement travaillés.
Ainsi, sur la base d’un SMIC horaire à 11,65€ en 2024, il faut 600 SMIC horaires, soit 6990 € de revenus soumis à cotisations pour valider quatre trimestres par an, peu importe leur répartition dans l’année. Il est ainsi possible de cotiser ses 4 trimestres annuels en quelques mois seulement si vos revenus sont assez importants.
Pour les micro-entrepreneurs (auto-entrepreneurs), le système ne se fait pas sur la base des revenus cotisés mais sur le chiffre d’affaires, ce qui est plus avantageux.
Les micro-entrepreneurs au régime général suivent le même principe (150 SMIC pour un trimestre), tandis que ceux affiliés à la CIPAV ont besoin de 200 SMIC par trimestre.
Vous pouvez simuler votre âge de départ à la retraite sur le site de l’assurance-retraite.
Une fois l’âge minimum atteint, vous pouvez demander (liquider est le terme exact) votre retraite à tout moment. Cependant, si vous n’avez pas vos 172 trimestres, vous subirez une décote : votre retraite de base et votre retraite complémentaire seront amoindries.
À l’opposé, vous pouvez décaler votre départ à la retraite et continuer à cotiser même après avoir accumulé 172 trimestres afin d’augmenter votre retraite (surcote). Chaque trimestre supplémentaire cotisé ajoutera 1,25% à votre retraite.
Calculer le montant est plus complexe encore que de définir la date de départ à la retraite. En effet, il existe de très nombreux régimes spécifiques, chacun disposant de ses propres paramètres.
On peut toutefois généraliser de la façon suivante.
Lorsque vous travaillez, vos cotisez à deux régimes :
Et lorsque vous êtes retraité, vous touchez :
En tant que salarié ou assimilé salarié, votre pension de retraite de l’Assurance retraite est calculée en fonction de 3 éléments :
La pension sera égale à :
Salaire annuel moyen x Taux x (Votre nombre de trimestres d’assurance retraite / Nombre de trimestres d’assurance retraite requis pour avoir droit à une retraite à taux plein), ajustée de la décote ou surcote dont nous parlions plus tôt.
Dans le meilleur des cas, votre pension sera donc 50% de la moyenne de vos salaires des 25 meilleures années, auquel s'ajoute une éventuelle surcote.
La deuxième partie de votre pension est spécifique à vos caisses de retraite.
Le système est le suivant : chaque euro versé rapporte des points. Une fois à la retraite, les points sont convertis en euros pour déterminer votre pension mensuelle.
Chaque caisse est autonome et a son propre système de points. Les deux paramètres importants sont le coût d’achat des points et le taux de transformation.
Certaines caisses proposent des aménagements ou des options pour améliorer votre retraite (surcotisations par exemple).
Le régime des professions libérales se compose à la fois de la retraite de base et la retraite complémentaire, mais les deux sont sous forme de points.
Si vous avez accumulé au cours de votre carrière des périodes en tant que salarié, profession libérale, freelance au BNC, etc. la règle est simple : les pensions se cumulent.
Certains statuts (SASU par exemple) permettent de se rémunérer pour partie en salaire et pour partie en dividende. Le dividende peut paraître attrayant au premier abord car il est soumis à des prélèvements plus faibles qu’un salaire.
Cependant, n’oubliez pas qu’un dividende n’entre pas dans l’assiette du calcul de la retraite ! Autrement dit, vos revenus moyens seront plus faibles, et donc votre retraite plus faible que si vous optez pour une rémunération en salaire. À vous de trouver le juste équilibre !
Nous vous invitons à créer votre compte sur Info Retraite pour avoir des informations personnalisées. Vous y trouverez toutes les informations vous concernant connues par les caisses de retraite.
Cela vous permettra de vérifier que rien n’a été oublié… et peut-être de constater avec bonheur que vos jobs étudiants vous ont permis de gagner quelques trimestres !
Vous aurez aussi accès à une simulation de votre retraite : âge de départ, estimation du montant de la retraite… selon des paramètres modulables et différents scénarios.
Pour des informations non personnalisées et plus généralistes, nous vous conseillons les guides édités par l’assurance retraite, assez bien réalisés (voir ici).
Vous savez maintenant l’essentiel concernant votre retraite !
Nous vous avons évoqué uniquement un volet du système des retraites : celui de la répartition. Dans le système actuel, les cotisations que vous versez ne sont pas stockées sur un compte qui vous appartient et dont vous disposerez plus tard, elles sont directement versées aux retraités actuels.
Lorsque vous demanderez votre retraite, les pensions que vous percevrez seront prélevées sur les revenus du travail des cotisants : c’est le principe de répartition.
À l’opposé, la retraite par capitalisation consiste à accumuler une épargne qui vous appartient, et que vous utiliserez en temps voulu.
Certains régimes de retraites sont jugés moins avantageux que les salariés : dans l’imaginaire populaire, les commerçants et professions libérales “n’ont pas de retraite”.
En pratique, ce n’est pas le cas. Certes, les prestations servies sont moindres (la retraite complémentaire est plus faible), mais cela n’est que la contrepartie de cotisations plus faibles.
Il est implicitement attendu que les travailleurs non salariés et professions libérales s’organisent pour ajouter une brique de capitalisation à leur retraite par répartition. Les cotisations sont plus faibles, mais vous devez faire l’effort de consacrer une part de vos revenus à votre retraite.
Nous avons évoqué des pistes tout au long de l’article :
Toujours dans le régime par répartition, vous pouvez aussi racheter des trimestres. Cela revient à payer volontairement des cotisations sur une période passée de votre vie afin qu’elle entre en compte dans les calculs. En pratique, le rachat de trimestres est rarement avantageux financièrement comparé au placement de cette somme, surtout si la durée est longue.
Enfin, vous pouvez compléter votre retraite par répartition par un volet de capitalisation.
La première option consiste à placer votre épargne sur un produit spécifiquement dédié pour la retraite : le PER (Plan d’Epargne Retraite). Les versements sont, sous conditions, déductibles des revenus au titre de l’impôt sur le revenu. Selon votre statut, ils peuvent aussi être assumés par votre entreprise. Et en tant que freelance, vous avez des plafonds de déduction fiscale plus élevés que ceux des salariés : profitez-en !
L’alternative, plus libre, consiste à épargner et placer un capital sur des produits non dédiés à la retraite (assurance-vie, PEA, immobilier locatif…) afin de créer vos propres revenus complémentaires dont vous pourrez profiter à tout moment sans attendre l’âge légal de la retraite.
Pour plus de détails, n’hésitez pas à consulter notre article entièrement dédié aux placements retraite pour les freelance !
Se créer un volet de retraite par capitalisation est quasiment une obligation pour les TNS, mais même les salariés ont intérêt à se constituer un volet par capitalisation : rien ne dit que les conditions présentées dans cet article ne s'appliquent pas lorsque vous partirez à la retraite !